Jordanie 12

Nous retiendrons donc :

El qasr : Haut bâtiment qui a la forme d’une croix grecque inscrite dans un carré d’environ 25m de côté.

Calottes en demi sphères et voûtes en berceau de plus de 5m de portée en font l’originalité.              Sa décoration se limite aux moulures et frises sculptées essentiellement de motifs floraux et géométriques.

- A l’extérieur, un grand réservoir d’eau de forme ronde. Six cours à portiques aménagées de pièces qui tenaient le rôle d’appartements séparent El qasr du Palais très ruiné dont on peut rejoindre l’extrémité nord par une voie à colonnades dallée.

- Au nord, le rempart romain renforcé aux angles par des tours carrées, est assez bien conservé.

Des ruines de l’église byzantine très modeste, le plan à trois nefs est encore nettement apparent. Un vaste chantier est en cours pour la restauration du temple d’hercule. Des fragments de colonnes, de frontons, de statues ou de socles, masses de pierres de plusieurs tonnes répertoriées et rassemblées là, sont en attente de retrouver leur place…

Ce brave Hercule doit se marrer en voyant le déploiement de moyens techniques nécessaires aujourd’hui pour ce travail qui rend inévitable, ici aussi, un retour au passé.. Encore une fois, plus que des images offertes à nos yeux, ce sont des sentiments qui nous imprègnent.

Un peu plus loin, du faîte du rempart délabré qui flanque cette partie non encore explorée, s’offre à nous le spectacle de la ville basse que nous mitraillons sous cet angle. Vues d’ensembles ou détails tels que le théâtre soigneusement restauré qui pouvait contenir 6000 spectateurs, entrent dans nos petites boîtes.

Le soleil très dur et nos estomacs qui réclament, nous font dégringoler jusqu’au souck par des ruelles-escaliers très pittoresques.

Après la tranquillité de la haut, l’immersion brutale dans la foule avec ce quelle engendre de vacarme et nécessite d’attention, est d’autant plus décevante. Tout va bien pourtant jusqu’au repas (salade et shawarma) que nous ne tardons pas à prendre dans un petit snack exigu au point même que BB s’y sent à l’étroit. Mais ventre affamé . . .

C’est après , que cette foule à laquelle nous sommes de nouveau mêlés, devient très vite populace à nos yeux comme à nos esprits et à nos cœurs. A l’abri de l’anonymat qui leur est fourni, certains que nous qualifierons d’éléments car le terme d’êtres leur serait impropre, donnent libre cours à leur veulerie et à leur lâcheté.

Il est navrant parce qu’inévitable, que de  tels actes humainement insupportables, fassent rejaillir sur l’ensemble notre profonde indignation. C’est à ceux-ci qu’elle assure depuis toujours d’une quasi impunité, que LA FOULE doit aujourd’hui d’engendrer si fréquemment inquiétude et méfiance… Sans que je me rendes compte de quoi que ce soit, BB en fait les frais.

C’est Nathalie la plus déçue quand nous nous heurtons aux rideaux baissés des bijouteries. Elle aurait bien voulu dénicher au souck à or les babioles en or,( mais oui ! ) qu’elle a en commandes. Nous apprenons du fait que la communauté chrétienne s’est octroyé ici le monopole de cette activité en sommeil le dimanche. Cette déception s’ajoute à notre écœurement grandissant… La décision d’aller voir ailleurs est unanime..

Un taxi nous amène jusqu’au plazza…

L’extérieur de ce vaste bâtiment ruisselle de verdure. A l’intérieur un centre commercial occupe trois étages que nous parcourons de boutique en boutiques. Nathalie et BB se régalent mais restent sages.

Les achats se résument pour nous à un investissement culturel : Un manuel Arabe-Français ; deux bouquins sur la Jordanie, Vue du ciel dans un et normalement dans l’autre et quelques cartes postales.

Nous rencontrons un phénomène Français venant de Pella où il vit depuis quelques années, en partance aujourd’hui même pour … ?              Il met si peu de temps à nous raconter sa vie entière que je ne me souviens même plus de l’essentiel, sinon que c’était un prêtre ou quelque chose comme ça.

A la terrasse du snack-bar, Nathalie BB et moi prenons un pot, Patrick deux !!

Conscients des surprises que peuvent nous réserver les jours à venir, nous partons faire des provisions … au Safoué, tiens donc !

17 heures. Nous parlions de surprises … Celle-ci, bien réelle, est de taille. !!

De par la discrète propagande qu’il nous est permis d’écouter religieusement 5 fois par jour, nous sommes tous les quatre persuadés depuis longtemps que la générosité d’allah doit être pour certains sans limites.

Mais en ce qui concerne sa tolérance, nous avions toujours eu un doute qui ne nous hantera plus à partir d’aujourd’hui. En effet, sous nos yeux, tous les rayons d’alcool sont voilés, bâchés, abayés, inaccessibles jusqu’aux regards pour cause de nouvel an .. Musulman va de soit !

Nous ne sommes pas les seuls clients scandalisés, mais gardons notre dignité.

..Tiens, des flacons de sel de la mer morte !..Rien qu’à les voir les démangeaisons me reprennent mais BB tient à en ramener.

Au stand charcuterie nous sautons sur les cochonnailles restées honteusement disponibles. Nous prenons aussi du fromage et même pour qui supporte les mélanges, un curieux saucisson-au-fromage.

Auparavant, un petit tour dans les étalages nous a permis de tomber sur le livre souvenirs ici présent.

Patrick à fait l’acquisition beaucoup plus scabreuse d’une hache, qui n’a pas manqué de soulever en nous autant d’intrigue que d’inquiétude. Nathalie le harcèle de questions soupçonneuses. BB et moi que la vie privée des GENDROTS ne regarde pas, restons à l’écart.

En essayant d’expliquer nos malheurs au chauffeur de taxi, nous apprenons fortuitement qu’en langage universel, chrétien se dit tout simplement : Whisky !.. Le bougre a vite pigé et nous déniche une boutique dont le proprio se fout autant de la malédiction d’allah qu’il loue le Bon Dieu pour notre visite… Nous ne mourrons pas de soif.

Dès notre arrivée à l’hôtel d’ailleurs, la marchandise s’avère être de qualité.

Bien qu’aucun de nous ne soit vraiment tenté par le restau, nous sommes unanimes sur le fait qu’il faille manger frais .. En clair autre chose que de la charcuterie. Nous voilà donc partis en quête de nourriture.

C’était sans compter sur le magasin d’antiquités rencontré en chemin.. Faut dire qu’il y avait beaucoup de belles choses.                               Heureusement elles étaient très chères…

Au restaurant Mankal on se marre bien, on fait les curieux puis on finit le cul sur le trottoir à rendre la pareille aux passants qui se moquent. Tout ça pour pouvoir déguster un succulent poulet-frites bien chaudes..

Dans la salle à manger N° .. ? , c’est sans blague que le pinard est encore frais par rapport au menu !..

Patrick devient le centre du débat aussi vite que les boutons jaillissent de son corps. Les hypothèses et prédictions qui sont avancées en font déjà un moribond. Mais cela ne l’empêchera pas plus qu’à nous de trouver le sommeil...

Et c’est HEUREUX !

Pour mémoire : BB râle fort parce que je bois un coup.

Elle et moi faisons encore une fois lit à part,  je n’aime pas ça !

A suivre . . .